Né à Rouen, en 1606, Pierre Corneille est issu d’un milieu bourgeois. De ses études au collège des jésuites, il tire une grande connaissance des auteurs anciens, un sens profond de la liberté humaine et un goût prononcé pour le théâtre. Destiné à être avocat, il achète deux charges à Rouen, mais donne parallèlement à jouer sur Paris plusieurs pièces de théâtre. Du succès de Mélite (1629) à celui de L’Illusion comique (1636), il finit par se consacrer entièrement au théâtre. Richelieu qui, par simple intérêt politique, exploite le théâtre et ses plus grands auteurs au moyen de la Société des Cinq-Auteurs demande à Corneille d’intégrer cette équipe de rédaction collective.
Quittant le genre comique pour s’intéresser au tragique, il crée avec Le Cid (1637), Horace (1640), Cinna (1641) et Polyeucte (1641) un modèle de tragédie tout à fait moderne qu’il présente dans ses Trois Discours sur le poème dramatique (1660). Bannissant les principes dogmatiques qu’on impose à la dramaturgie, Corneille réinterprète les préceptes soumis par Aristote.
Au travers d’intrigues tout à fait insolites pour l’époque, il dépasse la conception archaïque de la vraisemblance qui, selon lui, empêche le drame dans ce qu’il a justement de fatal. Il crée un nouveau type de héros conscient et maître de son destin, confronté aux situations les plus contradictoires.
Élu à l’Académie française en 1648, il est promu par Mazarin à de hautes fonctions. Mais le cardinal les lui retire aussitôt après Nicomède (1651) interprétée comme favorable à la Fronde et au célèbre général le Grand Condé qui opèrent un mouvement réactionnaire à la politique absolutiste de Mazarin pendant la minorité de Louis XIV. La disgrâce s’accentue. Tite et Bérénice (1670), directement concurrencée par la Bérénice de Racine connaît un faible succès, et ses deux dernières créations sont des échecs. Corneille se décide alors, en 1674, à rendre la plume. Il meurt en 1684.